Développement Durable en Nord Pas de Calais
L’INSEE vient de faire paraître son nouvel ouvrage « Le développement durable en Nord-Pas-de-Calais ». L’occasion de dresser un état des lieux du développement durable en région. Pour ce faire l’étude s’appuie sur les 3 piliers qui le compose : l’économique, le social et l’environnemental. De manière générale sur bon nombre d’aspects composant les trois piliers, la région a une situation structurelle défavorable. La crise a sa part de responsabilité, mais pas seulement.
Pour rappel, le développement durable c’est « un développement qui répond au besoin du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». De fait, il apparait comme une réponse à un certain nombre de question telles que : comment concilier progrès économique et social sans mettre en péril l’équilibre naturel de la planète ? Comment faire en sorte de léguer une terre en bonne santé à nos enfants ?
Le positionnement de la région Nord-Pas-de-Calais en termes de développement durable va donc résulter de plusieurs facteurs.
Le pilier économique :
En dépit d’une population jeune et volontaire, la région souffre d’un chômage important. Le taux d’activité n’est que de 67% contre 71% en France métropolitaine. Les formes particulières d’emploi y sont très présentes : contrat de travail temporaire, travail à temps partiel, etc..qui ne permettent pas une sécurité professionnelle et économique sur le long terme.
Les inégalités hommes-femmes demeurent et de façon plus marquée dans le domaine professionnel. En effet, les femmes sont fortement touchées non seulement par le chômage, mais aussi par le travail à temps partiel. Sans oublier les inégalités salariales.
Cette situation générale engendre des cas de surendettement nombreux puisque la région regroupe 9.2% des dossiers déposés au niveau national.
Néanmoins des points positifs sont à souligner. En effet, le taux de création d’entreprises est bon puisque l’on compte 24 400 entreprises créées en 2011. Les aides à la création d’entreprises proposées auprès des chômeurs expliquent en partie ce phénomène. Leur pérennité, en revanche, est à relativiser.
Certains secteurs économiques sont très présents sur l’ensemble du territoire : le tertiaire ou encore l’économie sociale et solidaire qui représente 11.4% des salariés en région.
Dans un contexte où la compétitivité devient la norme, où les évolutions technologiques, règlementaires sont rapides, le maintien du niveau de compétences est primordial. La formation continue permet cette adaptation des compétences aux besoins des entreprises. Même si le taux de participation de ces dernières diminue depuis le début des années 2000, nos concitoyens peuvent compter sur la pérennité de la contribution publique à la formation continue.
Le pilier social :
Pour appréhender le bien être, le lien social est important. Deux indicateurs permettent de l’évaluer : la relation avec l’entourage familial ou amical et l’engagement associatif.
Le premier indicateur est une réelle spécificité de la région. En effet, les habitants sont assez peu mobiles. Quitter notre région pour une autre n’est pas dans nos habitudes. Les nordistes aiment leur région et s’investissent pleinement pour elle au travers de différents engagements et notamment en intégrant des associations. Le réseau associatif est parmi les plus denses, même si l’on peut noter une régression du bénévolat.
L’espérance de vie est un autre élément central de la composante sociale du développement durable. Ses caractéristiques trouvent leur origine dans une accumulation de facteurs négatifs. Par l’analyse des affections de longue durée (ALD), la situation sanitaire du Nord-Pas-de-Calais est partiellement dégradée. En parallèle, on constate que l’indicateur de développement humain (IDH) est le plus faible de France puisque l’espérance de vie est la moins élevée et le revenu médian plus bas que dans les autres régions.
Autre particularité à souligner, que l’on retrouve dans d’autres régions de France, concerne les personnes en situation de handicap. Ces dernières souffrent d’une insertion difficile dans la vie sociale.
Pour que cette insertion dans la société en tant qu’individu et citoyen s’accomplisse, l’éducation a un rôle important. Elle permet également une insertion professionnelle grâce à la délivrance de formations qualifiantes et de multiples diplômes.
Or, il est vrai que notre région souffre de résultats scolaires inférieurs à la moyenne nationale. Et une réussite scolaire étant en partie conditionnée par la position sociale de la famille ; le chômage, l’endettement, la pauvreté peuvent expliquer pour une partie ces mauvais résultats. De fait, la région est fortement impliquée dans la lutte contre le décrochage scolaire et l’illettrisme qui demeurent une réalité.
Tous ces aspects participent de la citoyenneté, thème important du développement durable. Les conditions d’une citoyenneté pleine et entière sont donc difficiles à mobiliser et cette situation trouve une traduction dans une abstention électorale forte.
Le pilier environnemental :
Notre région se caractérise par un fort passé industriel. Aujourd’hui encore les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont conséquentes et liées à cette industrialisation. La qualité de l’air est amoindrie par une concentration importante de particules fines et d’ozone.
Ces industries ont ainsi laissé des marques visibles ou non. On peut citer les friches dont une partie est en cours de réhabilitation, une pollution des sols, etc…
Tout comme l’air, l’eau est au cœur du développement durable puisqu’elle répond à des besoins physiologiques. Les pollutions mettent en péril de nombreuses espèces animales, végétales, y compris celle humaine.
Parallèlement, le Nord-Pas-de-Calais est un gros consommateur d’énergie. Pour que notre région puisse bénéficier d’une croissance durable, elle se doit de réduire sa consommation d’énergie tout en augmentant ses richesses. En 2008, elle était encore la 4ème région de France au regard de la consommation d’énergie soit 8% de la consommation nationale. Ce besoin d’énergie est engendré par l’industrie comme évoqué précédemment, mais aussi par une population dense. Des efforts ont été enregistrés puisque les émissions de GES sont en diminution et la consommation finale d’énergie également.
Cette production d’énergie est incontournable. De fait, la France s’est engagée dans le 3×20 : 20% de réduction d’émissions de GES, porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation et réaliser 20% d’économie d’énergie.
Actuellement, la production d’énergie renouvelable de la région est de 362 ktep (tonne équivalent pétrole) sur 11 347 produites. Elle repose sur le bois, l’incinération des déchets urbains et l’éolien.
Le Nord-Pas-de-Calais compte une importante part de zones artificielles : habitations, infrastructures de transport, activités économiques. Elles existent au détriment des zones agricoles. Les espaces naturels sont donc fragmentés. Des actions ont été instaurées afin de maintenir une biodiversité par le biais de la trame verte et bleue.
Par ailleurs, l’agriculture biologique a encore du mal à se développer puisque notre région ne comptabilise que 0.5% de sa superficie agricole utile en bio.
Par conséquent, des corrélations significatives s’imposent d’elles-mêmes. La croissance de la région est liée à la hausse des transports : fret routier, ferroviaire de marchandises, déplacement de personnes. Parmi ces déplacements, les trajets domicile-travail connaissent une augmentation substantielle dû à un étalement urbain réel même si moindre par rapport au reste de la France. Cela a pour conséquence l’augmentation des GES déjà évoquée ; la croissance entraîne une augmentation des infrastructures engendrant une artificialisation des espaces au détriment des espaces ruraux et de la biodiversité. Dans le même temps, ces infrastructures, l’accès facilité aux services influent sur la qualité de vie des usagers. La position de carrefour international de la région lui permet de se prévaloir d’une proximité, d’une facilité d’accès, d’être un point incontournable. L’ouverture à l’international est réelle même si les importations demeurent supérieures aux exportations.
Favoriser et permettre le développement durable nécessite donc d’intervenir conjointement sur tous « les fronts » afin de permettre un certain équilibre.