Le mariage pour tous. Point de vue.

Mariage pour tous    Alors que la polémique enfle se pose t on les bonnes questions ?

 Différents acteurs se sont exprimés dans une confusion telle qu’il serait bon de poser les problématiques de façon clarifiée. 

Qu’on le veuille ou non l’homosexualité est vieille comme le monde et même si chacun se déclare non discriminant, il apparait clairement que cette réforme civile proposée entraine des réticences pour accorder l’accès à un nouveau droit pour les homosexuels.

Il n’y a pas si longtemps l’homosexualité était considérée en France comme une maladie mentale et nombreux sont ceux qui aiment à laisser planer le doute entre homosexualité et pédophilie. C’est contre de telles dérives qu’il faut s’élever. C’est contre ces représentations discriminantes qu’il faut se battre.

 Posons nous la première question : Qu’est ce que le mariage ?

Pour la République, le mariage civil est un contrat social entre deux individus. Il a pour but de régler les rapports entre les personnes au sein d’un foyer et dans une société.

Pour les chrétiens c’est un sacrement. Soit, mais le projet ne prétend pas imposer aux églises d’autres règles que les leurs.   Ne nous trompons pas de débat.

Force est de constater que l’évolution de nos sociétés ne s’est pas faite sur le modèle unique d’une union, pour toute leur vie,  d’un homme et d’une femme, garantissant ainsi la stabilité d’une cellule familiale protectrice pour les enfants. Un couple sur 5  se sépare, les familles recomposées sont nombreuses et le PACS se développe, notamment chez les jeunes.

Le combat des homosexuels pour obtenir le droit au mariage est un combat pour être reconnus par et dans la société.

Pourquoi donc leur refuser ce pacte civil qui n’enlève rien à personne ?

La question sous jacente est celle de la parentalité et celle de la construction de l’identité de l’enfant. Jusqu’à un passé récent la rencontre d’une ovule et d’un spermatozoïde, issue d’un couple hétérosexuel, donnait naissance à un enfant. Puis Amandine est née et tout à coup la procréation est devenue un acte pouvant être médicalisé, en préservant cependant le modèle père-mère.

A l’heure où notre environnement engendre de plus en plus de stérilités chez les hommes comme chez les femmes, la PMA a donné la possibilité à de nombreux couples d’accéder à la parentalité.

 Est il souhaitable d’aller plus loin ? Doit ont encourager, par exemple, un couple d’hommes à réaliser un souhait de paternité en ayant recours à un don d’ovule, en ayant recours à une mère porteuse ?  N’est ce pas là une atteinte fondamentale à la femme, devenue dans ce cas un simple utérus, privée in fine de droit sur l’enfant à venir ? N’est ce pas une atteinte à l’enfant lui-même ? Ne va-t-on pas vers une marchandisation de l’enfant ?

La question de la construction de l’identité doit également être évoquée.

Nous sommes UN individu au sein d’UNE société avec ses codes, ses représentations, son modèle dominant.

En France, comme dans bon nombre de pays, le modèle père-mère guide l’enfant et lui permet, selon d’éminents psychiatres, de se construire.

Ce n’est pas pour autant qu’un enfant élevé hors du modèle dominant n’aura pas une construction identitaire harmonieuse mais il lui faudra trouver, hors de son foyer, le substitut maternel ou paternel auquel s’identifier.

L’adoption ou la procréation médicale d’un enfant par un couple homosexuel s’affronte à cette vision sociétale, morale, bioéthique. A  tord ou à raison.

La notion de famille a considérablement changé.

Le foyer se résume aujourd’hui très majoritairement à « papa-maman-enfants ».

Pour autant, beaucoup d’enfants vivent hors de ce modèle. Les divorces et recompositions familiales ont fait voler en éclat ce modèle. Les enfants peuvent vivre avec leur mère, avec leur père, de plus en plus souvent en alternance. Les juges ont d’ailleurs évolué sur ce point, en reconnaissant peu à peu aux pères un rôle éducatif à égalité avec la mère et donc un droit de garde égal.

A côté des parents biologiques vivent également les beaux parents, dont le rôle éducatif n’est pas reconnu, qui ne peut, en l’absence du parent (même si celui-ci est d’accord) prendre de disposition concernant l’enfant, y compris en cas d’urgence.

N’est il pas temps d’organiser, lorsque les parents sont d’accord, un droit au beau parent d’agir dans l’intérêt de  l’enfant ?

Un beau parent peut co-élever un enfant, l’accompagner dans sa vie d’adulte et ne pas pouvoir léguer des biens dans des conditions identiques à celle du parent. Est-ce normal ?

Ne serait il pas judicieux de proposer une modification des droits au sein des familles, y compris des familles recomposées et notamment en ce qui concerne les droits de succession. Bref, se pencher sur le statut de beau parent en tant que co-éducateur de l’enfant.

Ceci ne pourrait il s’appliquer sans discrimination de sexe pour le beau parent ?

 En conclusion : Ne mélangeons pas mariage, vie de couple, procréation et éducation.

Le combat des homosexuels pour être reconnus, y compris par le mariage, me semble tout à fait légitime.

Le mariage civil permettrait cette reconnaissance et l’utilisation du terme mariage a ici un sens social.

La procréation, médicalement assistée, et la lourde conséquence des mères porteuses, sont d’un autre ordre que le droit au mariage et mérite mieux qu’un débat inachevé, des postures idéologiques et des discours discriminants. Les conséquences doivent être posées y compris la dérive possible de l’« achat d’un enfant » par les plus fortunés.

 Il me semble enfin que le débat qui se poursuivra sur la famille devra prendre en compte la problématique du statut de beau parent.

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