Metiers « Verts et verdissants »
Colloque « Tous les métiers sont verts » à Strasbourg
Les métiers « verts » ou « verdissants » répondent à une évolution des métiers, tournés vers une ambition forte de développement durable.
Une définition d’abord car un micro trottoir démontre que peu de personnes savent ce qu’est un métier « vert » ou « verdissant »
Pour faire simple : les métiers verts sont en lien direct avec l’environnement et sa préservation (exemple la préservation de l’eau ou la valorisation des déchets). Les métiers verdissants sont ceux qui intègrent de nouvelles compétences « vertes » aux compétences existantes. Exemple dans le BTP on construit toujours des maisons mais on y intègre des éco matériaux, de nouvelles façons d’organiser le chantier qui permette à tous les corps de métiers de travailler ensemble pour respecter la nouvelle norme :la RT2012 etc.
Dans ces conditions, la formation est au cœur de l’évolution des compétences :
-formation des salariés,
-formation des formateurs qui sont quelquefois éloignés de l’entreprise depuis longtemps, éloignés eux même des nouvelles techniques et organisations de travail
-nouvelles formes de pédagogie : e-learning, ateliers pour apprentis, outils virtuels, modules vidéo…
A terme tous les métiers seront concernés par ce « verdissements » qui influence le volume des emplois, la nature des emplois.
Si tous les métiers sont concernés, tous les citoyens le sont également.
L’enjeu majeur est notre modification de comportement, utiliser les nouveaux matériaux, effectuer les nouveaux gestes comme la gestion des déchets d’un chantier, mettre en place de nouvelles organisations de travail (la nécessaire complémentarité des différents corps de métiers), mettre en place de nouveaux cursus de formation, intégrer le déroulement de carrière dans la réflexion sur les métiers…
Le citoyen est impacté et il convient de l’impliquer afin qu’il adopte de nouveaux comportements plus « durables » par exemple en terme d’isolation et de chauffage de son logement, au niveau de ses déplacements, de la revalorisation des déchets etc.
L’entreprise devient éco-responsable et se met à la « Responsabilité sociétale de l’entreprise »(RSE). Certaines développeront par exemple des plans pour favoriser le co-voiturage. L’entreprise devra prendre en compte les dimensions environnementales, économiques et sociales du développement durable. Ainsi la prise en compte du handicap ou de l’égalité dans le domaine professionnel et salarial sont de véritables champs à explorer en RSE.
Lors du colloque intitulé « Tous les métiers sont verts » organisé par l’AFPA à Strasbourg, un témoignage a été porté quant au travail réalisé en région Nord Pas de Calais. Travail qui repose sur des études.
Celle de l’ADEME par exemple montre une progression plus rapide de ces métiers par rapport aux autres. Il n’y a pas vraiment une grande masse d’emplois nouveaux, ce sont plutôt des compétences vertes qui viennent faire muter les compétences existantes, ce qui entraine des contenus de formation plus conséquents.
Les études évoquent 3,6 à 4 millions d’emplois dans les métiers verdissants et les perspectives d’une économie plus verte.
La région Alsace quant à elle a rappelé quelques chiffres : Sur752 000actifs 3325 travaillent dans des métiers verts (en lien direct avec l’environnement et sa préservation) 75 840 travaillent dans des métiers verdissants (ceux qui intègrent de nouvelles compétences vertes aux compétences existantes.
Quelques exemples de métiers verts : ceux liés à la biodiversité ou à la préservation d’une ressource naturelle. Les métiers verdissants sont par exemple liées à l’efficacité énergétique dans l’habitat, aux transports, le tourisme et l’agriculture durable, le commerce, l’industrie manufacturielle.
L’importance dela VAE (validation des acquis de l’expérience) est notable dans ces métiers verdissants pour les qualifier, mieux les identifier, permettre la reconnaissance des nouvelles compétences acquises.
Les offres d’emploi représentent 14 % des offres d’emploi déposées en 2011 auprès de Pôle emploi (chiffre identique à celui de la région Nord Pas de Calais). Même si les offres de Pôle emploi ne sont pas exhaustives, cela traduit un volume d’emploi conséquent dés aujourd’hui.
Si l’on part du postulat que l’ensemble de l’économie verdira à l’avenir ne faudra t il pas intégrer des modules « sobriété carbone » dans toutes les formations ? La question reste posée.
Le témoignage du représentant du FOREM de Belgique nous apprend que nos voisins ont tenté d’identifier « qu’est ce qu’un métier vert ?» et élaboré une grille pour déterminer « la vertitude ».
Le représentant d’un cabinet de recrutement témoigne quant à lui du « plus » détenu par les postulants qui ont intégré les notions de développement durable dans leurs compétences de base (exemple savoir intégrer les clauses environnementales et sociales dans la réponse que doit faire une entreprise aux marchés publics). Selon lui, les formations généralistes sur le développement durable dans certains masters ne sont pas celles que recherchent les entreprises, celles-ci cherchant à verdir leur champ d’action spécifique.
Selon lui, l’entreprise évolue pour trois raisons : la demande des investisseurs, la demande des consommateurs, l’évolution du cadre législatif (par exla RT2012 dans le BTP). Le temps agit pour l’économie verte, l’évolution est en marche. Il y a encore une grosse marge de progression.
Le Président fondateur du Da Vinci Collège à Leerpark aux Pays Bas a fait une intervention très remarquée, affirmant que l’on ne peut aller vers l’avenir avec des techniques du passé. Le concept de Leerpark est un concept intégré où l’on peut vivre, travailler, étudier sur un grand campus.
Face à un taux d’échec décrit de 50 %, « il s’agissait de motiver les élèves ». Aujourd’hui le taux d’échec est passé à 10 %. Avant l’école était basée sur un apprentissage systématique sans résolution des problèmes. Ainsi à Leerpark les entreprises viennent exprimer leurs attentes pour les intégrer au programme de formation. Les étudiants travaillent sur l’élaboration de produits. Cette intégration de problèmes posés à résoudre dans leur enseignement génère des nouvelles solutions mais aussi une motivation plus forte
Les facteurs de succès sont :
-la coopération entre les entreprises et l’école
-l’inscription dans le long terme
-l’investissement public notamment pour le logement.
En fin de journée l’AFPA évoquait plusieurs pistes pour faire évoluer l’offre de formation et en particulier la mutualisation des plateaux techniques sur un territoire, travailler sur le logement, s’inscrire dans le dispositif des emplois d’avenir….
Conclusion :
Les métiers évolueront très rapidement sous l’impulsion de la prise en compte accélérée du concept de développement durable dans nos activités.
Chacun sera touché par cette évolution de nos sociétés.
Nouveaux métiers, métiers qui évolueront, comportements des citoyens modifiés….. voici quelques certitudes dans un avenir proche.
Ce qui est également certain c’est qu’il est nécessaire e rendre l’école et l’apprentissage des compétences attrayant. Il faut s’adapter à la génération zapping et facebook avec de nouvelles formes d’éducation.
Repenser également la place de la finance au sein de coopératives pour rendre à l’argent sa fonction d’outil et non de finalité est un sujet également à évoquer dans nos réflexions à l’instar de la Nef, société coopérative financière, présente à Strasbourg.
Celle-ci récolte de l’investissement pour le mettre à disposition de projets respectueux de l’environnement et du social. C’est ainsi redonner du sens et faire de belles vies.