Conseils : téléphone portable

Dans un message spectaculaire paru dans le Journal de Médecine Professionnelle et Environnementale le 24 janvier 2011, deux des principaux chercheurs de l’étude internationale Interphone – sur les conséquences de la téléphonie mobile sur la santé – conseillent dorénavant la chose suivante…

 

« Des mesures simples et bon marché, comme l’utilisation de SMS, des kits mains libres et/ou le mode haut-parleur du téléphone pourraient considérablement réduire l’exposition du cerveau au téléphone portable.

Donc, jusqu’à ce que des réponses scientifiques définitives soient disponibles, l’adoption de telles précautions, particulièrement parmi les jeunes, est recommandée.

Comme il ressort de l’étude Interphone et d’autres études, et bien que davantage de recherches soient nécessaires, la possibilité d’un risque accru de gliome – une forme particulièrement dangereuse de tumeur cérébrale – à long terme chez les grands utilisateurs est préoccupante. Même un risque faible au niveau individuel pourrait finalement aboutir à un nombre considérable de tumeurs et constituer une importante question de santé publique. »
Les auteurs de cette publication ne sont autres qu’Elizabeth Cardis, qui a dirigé l’étude Interphone pour le compte de l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (IARC/OMS) et Siegal Sadetzki, qui a dirigé la partie israélienne de l’étude Interphone.

Ils sont tous deux chercheurs de niveau international dans le domaine de la recherche sur le cancer. Ils livrent ici une vue d’ensemble équilibrée et fondée de l’état actuel de la science et leurs conclusions figurent dans l’encart ci-dessus.

Les auteurs notent que dans l’étude Interphone, l’utilisation totale moyenne du téléphone portable par les utilisateurs étudiés avoisinait un total de 100 heures, représentant à peine plus de 2 heures d’utilisation de téléphone portable par mois. La plupart des utilisateurs, parmi lesquels de nombreux enfants, dépassent aujourd’hui largemenbt ce niveau d’utilisation. Même le groupe le plus exposé (pour un total de 1640 heures) ne présentait une utilisation moyenne que d’environ 27 minutes de téléphone portable par jour. De nouvelles études analysant la quantité et la durée d’utilisation sont donc essentielles.

Ils notent que dans l’étude Interphone, initiée en 2000, la durée maximale d’utilisation parmi les participants de l’étude remontait à environ 12 ans et que les « grands » utilisateurs ne l’étaient que depuis 5 ans. Et pourtant, pour les cancérigènes les plus connus, l’identification d’un risque accru de tumeurs solides (en particulier des tumeurs cérébrales) a toujours exigé de longues périodes de suivi des sujets avec une exposition substantielle. Par exemple, alors que les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki ont été lâchées en août 1945, ce n’est que dans les années 1960 qu’un risque d’excès de tumeurs solides a été annoncé chez les survivants. Aucune élévation du risque de tumeur cérébrale n’avait été notée au cours des 50 premières années.

Recommandations officielles obsolètes

Et pendant ce temps, en Belgique, sur son site infogsm.be, le gouvernement continue de maintenir le message paternaliste et obsolète suivant : « Toutes les études reconnues réalisées selon les règles de l’art confirment que le champ électromagnétique émis par un téléphone mobile n’entraîne aucun danger pour la santé. Les résultats de recherches sont rassurants. Jusqu’à présent, aucune étude épidémiologique n’a démontré que l’utilisation d’un GSM augmente le risque de cancer sous forme de tumeurs au cerveau. En outre, on n’a pas pu prouver qu’il existerait un lien entre un usage fréquent et de légers troubles de santé comme des maux de tête, des troubles du sommeil ou des vertiges. »

Ou encore « Il n’existe aucune preuve scientifique établie qui démontre que l’utilisation du GSM pose des risques pour la santé. Néanmoins, si vous avez quand même des doutes à cet égard, nous vous conseillons ainsi qu’à vos enfants d’utiliser une oreillette et de limiter la durée des communications. »

Dans ce contexte de non reconnaissance des risques et donc de mise en garde officielle faite sans conviction, de nombreux parents continuent d’acheter des téléphones portables pour leurs jeunes enfants, en toute ignorance.

Bien que nous ne disposions pas de chiffres pour la Belgique et qu’ils soient vraisemblablement plus faibles qu’en Grande-Bretagne, on estime que là-bas plus de 50 % des enfants de 5 à 7 ans ont maintenant leur propre téléphone portable, et que le chiffre monte à 75 % à l’âge 10 ans (source : Dailymail).

Par ailleurs, Cardis et Sadetzki admettent que « l’effet protecteur » des téléphones portables tel qu’il avait été rapporté dans l’étude Interphone – soit un ratio de risque inférieur à 1,0 semblant donc même indiquer, dans certaines situations, un effet protecteur de la téléphonie mobile… oui, vous lisez bien ! – est fort peu probable et que, dans l’ensemble, les ratios qui ont été publiés dans l’étude ont probablement été sous-estimés de 20 %. Une nouvelle analyse des cas d’Interphone – en n’utilisant que des sujets à faible utilisation comme témoins effectifs – aboutit à des ratios de risque supérieurs à 1 pour le gliome, avec indications d’un risque accru pour une durée croissante d’utilisation, de même que pour les « grands » utilisateurs.

Bref, un manque de rigueur dans le protocole de départ a conduit l’étude Interphone à des conclusions trompeuses. On appréciera mieux dans ce contexte la phrase reprise sur le site du gouvernement « d’études reconnues réalisées selon les règles de l’art ».


Ce que demande Teslabel

Face à l’ampleur des enjeux, Teslabel invite instamment le Ministère de la Santé à réviser les conseils officiels fournis actuellement au public – et à déclarer que des précautions raisonnables comme la minimisation des appels et l’utilisation d’un haut-parleur ou d’une oreillette de qualité devraient être employées par tout un chacun, et tout particulièrement par les enfants.

Il devrait en outre s’assurer qu’un prospectus révisé soit envoyé à tous les parents en Belgique via leurs écoles et qu’une campagne d’information adéquate soit faite à ce sujet.

Les questions que tous les parents et grands-parents devraient se poser

  • Le GSM que vos enfants ou petits-enfants utilisent aujourd’hui sera-t-il responsable du développement d’une tumeur cérébrale fatale dans environ 30 ans ?
  • Qui a acheté ce téléphone ?
  • Qui paie les minutes d’appel ?
  • Insistez-vous pour qu’ils utilisent une oreillette de qualité, la fonction haut-parleur ou le SMS ?
  • Insistez-vous pour qu’ils ne dorment pas la nuit avec le GSM allumé sous leur oreiller ?avec le GSM allumé sous leur oreiller ?

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